|
Les
Français de Yiwu
Yann
et Isabelle sont les deux seuls
résidents français de Yiwu. Ils s'y sont
installés en mai 2004, et y offrent leurs services de
contrôle de la
qualité des marchandises, ainsi que de toutes les
opérations liées à l'expédition de
celles-ci.
Quelques
petites questions à leur poser...
(Entretiens en janvier 2005)
-
Yann:
"la caverne
d'Alibaba!"
Yann, comment
votre aventure chinoise a-t-elle commencé?
C'était en juin 2001, je venais d'obtenir la
maîtrise en droit public à Poitiers. Mais je souhaitais me
tourner vers le commerce. C'est alors que j'ai entendu parler du DESS
CAAE Euro-Asie, proposé par l'IAE de Poitiers. J'étais
tellement convaincu qu'il me correspondait que je ne me suis inscrit
à aucune autre école (rire)...
J'ai été accepté, ai passé cinq mois
à
Poitiers, trois mois à Nanchang [ndlr: province du Jiangxi]
à l'Institut franco-chinois de Management, de mars à mai
2002, puis sept mois à Shanghai, dont six en stage dans un
cabinet d'avocats français.
Lorsque je suis rentré en France, je ne pensais
plus qu'à
la Chine, mais il n'est pas évident de trouver un emploi
lorsqu'on est jeune diplômé!
On m'a néanmoins proposé un poste
d'acheteur, début 2004, que j'ai accepté
immédiatement. C'est ainsi que je suis retourné en Chine
en février.
Et... Yiwu?
J'ai découvert Yiwu en
décembre 2003, lors d'un voyage d'affaires. On m'a dit que
c'était une ville essentiellement composée de
marchés. Quand j'y suis arrivé, et que j'ai visité
ces marchés, j'avais vraiment l'impression de me retrouver dans
la caverne d'Alibaba! Et tous les produits étaient
proposés à des prix vraiment faibles!
Je suis revenu à Yiwu à plusieurs
reprises en tant qu'acheteur, et, en mai, ma compagne est venue me
rejoindre en Chine. J'étais tellement séduit par Yiwu que
je lui ai proposé de s'y installer.
Que faîtes-vous
à Yiwu?
En tant qu'acheteur, je m'étais
rendu compte que peu de
choses étaient proposées pour les acheteurs francophones.
Par ailleurs,
même si on parle correctement anglais, les commerçants de
Yiwu ne le
parlent pas dans la plupart des cas. De plus, j'avais entendu parler
des déboires de plusieurs acheteurs étrangers qui
n'avaient pas eu le
temps de contrôler la qualité des produits qu'ils avaient
achetés, et au
final,
qui s'étaient retrouvés avec des marchandises invendables.
C'est ainsi qu'avec mon amie, nous avons
réfléchi à un projet que nous venons de mettre
à exécution, puisque nous avons décidé de
créer une SARL en France*. Nous proposons une large gamme de
services aux acheteurs du monde entier: accompagnement à l'achat
avec notre équipe d'interprètes, suivi des commandes,
contrôle de la qualité des produits, paiement des
fournisseurs, mais également, nous effectuons toutes les
démarches nécessaires à l'expédition des
marchandises (documents export, transports domestique et
international).
Désormais, les acheteurs sauront à qui
s'adresser avant d'arriver à Yiwu (rire)!
-
Isabelle: "des
quartiers entiers sortent de terre en moins d'un an!"
Isabelle, que
pensez-vous de Yiwu?
Ce qui m'a frappée, ici, en arrivant, c'est le nombre de parcs
dans la ville. Il y en a deux principaux, et de nombreux autres de
taille plus modeste. Mais surtout, les berges de la rivière ont
été aménagées, et certaines sont encore en
cours d'aménagement au nord-est de la ville, ce qui permet
littéralement de traverser la ville "dans un parc"!
Et que pensez-vous des habitants
de Yiwu?
La plupart des étrangers vivant à Yiwu proviennent du
Moyen-orient, ou encore d'Inde, du Pakistan ou de Corée, si bien
que nous sommes très peu d'Européens. Du coup, les
Chinois nous dévisagent de la tête aux pieds! Un jour,
nous avons même été (bien involontairement!)
à l'origine d'un accident entre une moto et un triporteur, car
les deux conducteurs nous regardaient au lieu de faire attention
à ce qu'il y avait devant eux (rire)! Au début, tous ces
regards, c'était un peu gênant, mais avec le temps, on s'y
fait! Et puis maintenant, dans notre quartier, les gens ont l'habitude
de nous voir, et à chaque fois que nous sortons nous avons droit
à de grands sourires! Les habitants de Yiwu sont vraiment
adorables!
Qu'est-ce qui vous étonne
le plus à Yiwu par rapport à la France?
Sans hésiter, je réponds: le développement de la
ville! C'est incroyable! Des quartiers entiers sortent de terre en
moins d'un an, les magasins apparaissent très vite
également: par exemple, dans notre quartier, à notre
arrivée en mai il n'y avait que quatre ou cinq commerces. Ils
sont aujourd'hui plus d'une quinzaine, et entre temps, une tour de 15
étages a fait son apparition!
Sinon, je suis toujours étonnée par le nombre
impressionnant de deux roues et de triporteurs. Ils sont tellement
nombreux que les pistes cyclables sont aussi larges que la route
principale!
Avez-vous eu des
difficultés à cause de la langue chinoise?
Ce n'est pas évident quand on ne parle pas chinois d'arriver
dans une ville comme Yiwu, où même des personnes qui ont
l'habitude de vendre à des acheteurs internationaux ne parlent
pas anglais! Au début, je devais beaucoup compter sur Yann pour
obtenir ce que je voulais, mais je me suis mise à l'étude
du chinois, et désormais je commence à me
débrouiller toute seule! Et heureusement, les habitants de Yiwu
sont très patients, et répètent souvent
jusqu'à ce que je comprenne ce qu'ils me disent!
Haut de Page
|